Construire « béton » avec moins de matière
Construire du mobilier urbain à l’épreuve du temps – au propre comme au figuré – en utilisant le moins de matériaux possible. C’est là-dessus que table la PME montréalaise m3béton pour réduire son empreinte carbone, mais aussi celle de ses clients.
Article du journaliste Stéphane Champagne, collaboration spéciale La Presse.
La PME conçoit des bancs de parc, des tables de ping-pong (l’un de ses produits d’appel), des poufs et des tables de pique-nique, notamment. Elle procède également au coulage ou à la restauration de monuments ou d’œuvres d’art extérieures.
Fondée en 2007 par Claudia Croteau, diplômée en design de l’environnement, et son frère Guylain, un paysagiste d’expérience, m3béton s’intéresse au concept du développement durable depuis ses débuts. Les deux entrepreneurs sont par ailleurs épaulés dans leurs activités par un partenaire silencieux : leur père, un ingénieur à la retraite.
Les valeurs vertes de l’entreprise ont été confortées en 2022 lorsque Claudia Croteau a pris part au Parcours Carbone-Leadership Montréal, une formation subventionnée qui n’a coûté que quelques centaines de dollars à la PME. « Je me suis vraiment rendu compte qu’on avait une longueur d’avance dans nos façons de faire », dit Mme Croteau.
L’arme de prédilection de m3béton : l’utilisation de béton fibré ultra-hautes performances (BFUP) connu sous la marque « Ductal », propriété du géant suisse Holcim.
Autrement dit, m3béton fabrique des produits tellement durables que ses clients n’ont pas besoin de s’en occuper. Donc, pas de gaz à effet de serre (GES) générés par le transport, l’entreposage ou l’entretien du mobilier urbain.
« Nos tables de pique-nique sont même skate proof, c’est-à-dire qu’un planchiste peut déraper sur le banc de la table et ça ne paraîtra pas, garantit Claudia Croteau. […] On peut laisser les tables à l’extérieur afin que les gens puissent occuper les parcs toute l’année et en faire des endroits vivants. »
Conséquente avec ce qu’elle a appris dans sa formation sur les impacts écologiques, la PME familiale a récemment trouvé une solution à ses bases d’ancrage, qui utilisaient encore jusqu’à tout récemment du béton traditionnel et en trop grandes quantités.
« On a créé notre dalle Ellipse », explique Claudia Croteau. Cette dalle est quatre fois plus légère (270 kg) qu’une dalle en béton traditionnel rectangulaire. Et sa forme elliptique (vide à l’intérieur) permet de réduire la consommation de matières premières, résume l’entrepreneure.
Les produits de m3béton coûtent plus cher que ce que la concurrence offre. Cela ne va-t-il pas à l’encontre de la politique du plus bas soumissionnaire, une pratique répandue dans les contrats publics ? « Tout passe par la pédagogie, croit Mme Croteau. Dans le privé, les gens voient le retour sur investissement. Dans le public, c’est moins évident. »
Pour la suite des choses, m3béton veut continuer à améliorer son bilan carbone. « Ça nous allume sur d’autres initiatives, peut-être obtenir la certification BCorp. Mais ça représente plusieurs milliers de dollars en temps et en argent. »
(Extrait La Presse mardi 26 novembre 2024, Portfolio Environnement)